21 mai 2007

Histoire de parachutes...

«Si vous ne payez qu'avec des cacahuètes, vous n'aurez que des singes comme patrons.» (Jean-Pierre Garnier, lors de sa nomination à la tête de la firme britannique Glaxo.)


Et voici que l'on reparle - certains s'écrieront : "encore !" - d'une des plus célèbres Arlésiennes législatives : une loi contre les parachutes dorés.

Notre Nouveau Président a demandé à Jean-Louis Borloo de rédiger de toute urgence un projet de loi pour interdire - certains s'écrieront : "enfin !" - cette pratique bien soixante-huitarde dite des "parachutes en or".

Puisqu'il doit faire vite, je conseille à Mr Borloo de (re)lire avec intérèt le Rapport d'information n°12701 déposé en application de l'article 145 du Règlement par la Commission des Lois Consitutionnelles, de la Législation et de l'Administration Générale de la République en conclusion des travaux d'une mission d'information constituée le 16 octobre 2002 sur la réforme du droit des sociétés, rapport présenté par Mr Pascal Clément, alors député.2

Cette mission d'information - dans laquelle se trouvaient Ségolène Royal et Arnaud Montebourg - avait été constituée suite à - certains s'écrieront : "déjà !" - quelques abus broutilles : citons, pour et par exemple, la prime de départ du PDG de Carrefour (38,5 millions d'euros) ou celle de Philippe Jaffré (30 millions d'euros). Primes à côté desquelles les 8,5 millions d'euros attribués à Noel Forgeard font - pâle - figure d'argent de poche.

Rappelons au passage que ces primes furent accordées à des dirigeants remerciés... pour incompétence ou faute. En résumé, quand un salarié tape dans la caisse il est licencié pour faute sans indémnités ni préavis, il peut également être privé de ses droits aux allocations de chômage, quand un dirigeant met une entreprise - qu'il n'a souvent pas créée d'ailleurs - sur la paille ou peu s'en faut, il est remercié, y compris pécuniairement.

Rappelons également que nos grands patrons français, si prompts à citer leurs homologues américains pour justifier ces pratiques et presque faire pleurer le bon peuple sur leurs rémunérations plus basses ici que là-bas, sont moins enclins à adopter l'exemple d'un Steve Jobs, patron d'Apple, dont le salaire annuel est de 1 dollar mais dont la rémunération est consitutée de stock options et autres primes sur bénéfices, ce qui lui assure un revenu annuel tournant autour des 650 millions de dollars...

Je propose donc, puisque l'on nous présente les Etats-Unis comme le symbôle et l'exemple à suivre, que tous les grands patrons français adoptent ce modèle, ne s'octroit qu'un euro symbolique de salaire annuel et que leur rémunération soit proportionnelle aux bénéfices de l'entreprise qu'ils dirigent. Ce serait également un signal fort que le Mérite et le Travail sont en effet de retour, et cela rendrait toute sa valeur au bon mot de "Travailleur". Sans vouloir avoir des singes comme patrons, au moins peut-on souhaiter ne pas avoir de rats...

Chiche ?




1 http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-info/i1270.asp
2 La majorité d'alors - UMP - et le ministre de l'Economie de l'époque - Francis Mer - tout comme son éphémère successeur - Nicolas Sarkozy - n'ont pas cru bon de donner suite à ce rapport.