09 octobre 2007

Ce mot qui fait peur aux gens honnêtes...

Ce matin l'excellent Nicolas Demorand ,qui pilote admirablement bien la tranche 07h00 - 09h00 sur France Inter, recevait BHL.

Peu avant 09h00 un auditeur, durant la séance de questions/réponses avec l'invité, a prononcé, à propos de la politique de Notre Président, un mot qui fachat : "pétainisme".

Mot aussitôt jugé excessif et récusé, tant par le journaliste que l'intellectuel, au titre, juste, que Notre Président ne déporte pas les Juifs.

Le pétainisme se résume t-il donc à ce seul trait de caractère (à ce gène pour reprendre un mot très/trop à la mode) ?

Certes non, et qu'on ne compte pas sur moi pour écrire que c'en n'était qu'un détail (pour reprendre un mot fâcheusement revenu à la mode lui aussi).

Cependant, si l'on ne peut donc traiter de pétainiste le régime actuel, il est troublant de constater que, par de nombreux traits, il peut s'apparenter à un courant que j'ose qualifier de néo-pétainiste.

Tout comme le néo-nazisme tente de faire oublier que l'antisémitisme et le racisme sont idéologiquement indissociables de la doctrine hitlérienne, le néo-pétainisme, dans une moindre mesure et d'une manière différente, reprend certains fondements et fonds de commerce politiques de son "ancètre", tout en essayant d'en reléguer aux oubliettes de l'Histoire les facettes les plus noires et les plus détestables.

Le travail présenté comme seule source d'enrichissement, la promotion de la famille traditionnelle comme seul modèle de lien entre parents, la patrie qu'il faut chérir et objet, s'il le fallait, du sacrifice suprème, sacrifice glorifié par la lecture de la dernière lettre de Guy Mocquet dans les écoles, des racines quasi-biologiques posées comme seule source d'appartenance à la communauté française, l'autorité, le culte de la personne incarné par l'affichage de la photo de Notre Président sur chaque page du site de l'Elysée comme par son omniprésence médiatique, sans oublier le scandaleux discours de Dakar, le reniement de la nécessaire politique de Mémoire, la chasse aux Sans-Papiers...

Autant de traits qui rappellent étrangement que la mémoire de cette époque "où les Français ne s'aimaient pas" pour reprendre la formule laconique de feu Georges Pompidou, n'est pas encore morte et s'est peut-être réincarnée.