31 mars 2006

Des pistes pour l'emploi... (1)

Je ne suis pas énarque (au grand dam de mes parents) mais il ne faut pas l'être pour comprendre à quel point le CPE est une c*nnerie, une de ces fausses bonnes idées typiquement françaises (il est de rigueur de s'autoflageller ces temps-ci, je succombe à cette mode).

OK, il faut faciliter l'embauche. OK, il faut sortir certains jeunes - mais pas seulement eux ! - de situations difficiles (même s'il ne fait pas bon leur dire qu'il y a des formations universitaires qui ne mènent à rien).

Pourquoi le CPE ? Parce que marre des CDD et stages ?

Mais alors pourquoi des stages ?

Parce qu'on apprend pas tout sur les bancs de l'école (pris au sens large du terme).
Remarque en passant : l'obligation de stage est inscrite depuis belle lurette dans les cursus courts de type BTS et DUT sans que cela choque personne, pas même les intéressés. Et pourquoi ? Parce que d'une manière générale ces diplômes permettent de décrocher des CDI. Pourquoi ? Parce que leur contenu théorique est inspiré des besoins du marché de l'emploi et évoluent en permanence, et parce que les stages obligatoires donnent aux diplômés une première expérience de la vie en entreprise.

Mais alors pour les CDD ?

Il y a des entreprises qui n'ont que des besoins ponctuels et on n'y peut rien.

Quelles pistes alors ?

Une réforme du CDD me parait une première piste.

Que dit le code du Travail sur ce type de contrat ?

Art. L-122-1
Le contrat de travail à durée déterminée, quel que soit son motif, ne peut avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente de l'entreprise.

Rien à redire à première vue.

Art. L-122-1-2
I. - Le contrat de travail à durée déterminée doit comporter un terme fixé avec précision dès sa conclusion.
Ce contrat peut être renouvelé une fois pour une durée déterminée qui, ajoutée à la durée du contrat initial, ne peut excéder la durée maximale prévue au paragraphe II du présent article.

II. - La durée totale du contrat compte tenu, le cas échéant, du renouvellement ne peut excéder dix-huit mois.

Les pistes sont peut-être à chercher de ce côté : cette limite de 18 mois est très fréquemment ignorée (terme plus diplomate que "bafouée") et parfois par des employeurs auxquels on n'aurait pas pensé.

Exemple d'une annonce passée en 1999 :
"Dans le cadre de sa participation au projet Esprit CONCERTO l'Atelier d'Ingénierie des Données du CAMS (UMR du CNRS) recrute sur CDD de 20 mois un(e) ingénieur d'études débutant(e)."

Quand l'Etat lui-même à travers ses administrations et ses entreprises (La Poste a plus récemment été épinglée pour avoir renouvellé très largement au-delà du raisonnable et du légal le CDD d'une de ses employées) ne montre pas l'exemple, comment pourrait-il montrer la voie ?

Pourtant...

Et si, plutôt qu'introduire un nouveau contrat, on dépoussiérerait ceux qui existent à commencer par le CDD :
  • en allongeant sa durée maximale, si nécessaire sous conditions ; par exemple, autoriser des CDD de 24 mois ou plus en contrepartie d'une obligation ou dans le cadre d'une formation continue diplômante ;
  • en assouplissant les conditions de rupture négociée ;
  • en autorisant son renouvellement au-delà des sacro-saintes deux fois.
Tout en en conservant ou mieux en en renforçant les garanties actuelles, quitte à ce que l'Etat rallonge un peu "la sauce". Par exemple en bonifiant les années passées en CDD, pour le calcul des droits à la retraite tout comme pour celui des droins d'indemnisation Chômage.

Parce que je pense que tout vaut mieux qu'un jeune - ou pas - au chômage et que le coût social d'un emploi aidé est moindre que celui d'une personne assistée.